jeanparapluie

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Vive l'Union israélo-palestinienne !

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Ce qu'on appelle « la solution à deux États », c'est-à-dire le partage du territoire historique de la Galilée-Palestine-Judée-Samarie entre Palestiniens reconnus comme État à part entière, siégeant de plein droit à l'ONU, et les Israéliens, déjà reconnus comme État, est admise par la plupart des États, des gouvernements et des observateurs, comme étant la seule solution viable au conflit entre les deux peuples. Elle est aussi la seule solution qui ait une valeur légale, puisqu'elle résulte d'une résolution de l'ONU. Elle fixe donc un cadre juridique, mais est-elle pour autant « la » solution ? Je crois qu'une paix durable dépend aussi d'autres démarches, plus positives qu'une seule négociation sur le partage des terres et des ressources.

Avantages de la solution à deux États

  • Elle est largement reconnue comme cadre légal du règlement du conflit ;

  • Elle satisfait l'orgueil national des Palestiniens, la reconnaissance de leur culture ;

  • Elle satisfait la peur des Israéliens d'être submergés par le nombre des Palestiniens, qui pourraient être majoritaires dans un seul État commun ;

  • Elle permet une gestion différenciée et décentralisée adaptée aux particularismes locaux.

Inconvénients de la solution à deux États

  • Elle nécessite une partition territoriale, une division des richesses, des héritages, matériels et culturels, division qui ne peut être que source de conflits en cascade ;

  • Le morcellement de fait du territoire palestinien par les colonies rend difficilement viable un État dans lequel ses citoyens et même ses fonctionnaires pourraient à tout moment être empêchés de circuler. Rappeler le caractère illégal de ces colonies ne les fait pas disparaître pour autant.

  • Elle dépend presque exclusivement des négociations entre les autorités politiques. Or, il est vraisemblable que celles-ci, d'un côté comme de l'autre, ne souhaitent pas vraiment la paix, mais au contraire cherchent à faire perdurer le conflit.

Impasse des négociations

Depuis les résolutions de 1947, malgré les « accords » d'Oslo et de Camp David, les négociations pour l'établissement d'un État palestinien à côté de celui d'Israël échouent et chaque période d'apaisement n'est que le prélude à un rebondissement des affrontements. J'y vois trois raisons principales :

  1. Les États et partis politiques chargés de négocier n'ont pas intérêt à la paix. Que ce soit les gouvernements israélien, l'Autorité palestinienne, le Hamas, ou l'OLP, ils assoient leur autorité sur la peur engendrée par le conflit. Ils se présentent comme les protecteurs, ou les vengeurs, des populations spoliées et en danger, et c'est ce qui fait leur légitimité et leurs succès dans les élections. La peur et les désirs de revanche leur servent d'agents électoraux, et ils ont intérêt à souffler sur les braises.

  2. Les États qui parrainent les négociations n'ont pas non plus intérêt à la paix. Les États-Unis, faiseurs de pluie et de beau temps, vendent des armes et des technologies militaires aux deux camps, s'appuient sur le conflit pour maintenir leur influence (diviser pour régner). L’Égypte et les autres pays arabes maintiennent leur pouvoir intérieur sur une soi-disant solidarité avec les Palestiniens, dérivatif à leurs problèmes internes et facteur émotionnel de mobilisation populaire derrière les gouvernements « anti-sionistes ».

  3. Le but même des négociations est autodestructeur. Une négociation fondée uniquement sur la division d'un territoire est par définition un jeu à somme nulle, c'est-à-dire que ce que gagne l'un est ce que perd l'autre. Elle ne peut donc qu'engendrer des frustrations et des désirs de revanche. Ces négociations sont faites pour échouer !

Créer une dynamique positive

Des négociations entre les deux peuples ne peuvent avancer et avoir des chances d'être plébiscitées par les populations que si elles offrent des perspectives de progrès, d'espoir, de vie meilleure pour les uns comme pour les autres. Les négociations actuelles sont basées sur des concessions qu'aucune des parties n'est prête à consentir. Au contraire, l'inversion de la logique, passer de la division à l'addition, permettrait de dégager des perspectives et des intérêts communs, des espoirs partagés, des entreprises communes, une dynamique positive qui balaierait les réticences et les haines rétrogrades.

Deux exemples de coopération entre Juifs et Arabes :

  • Le West-Eastern Divan Orchestra, créé en 1999 par Edouard Saïd, intellectuel palestinien, et Daniel Barenboïm, pianiste et chef d'orchestre israélo-argenti, regroupe de jeunes musiciens juifs et arabes, et joue régulièrement, chaque année, dans différents pays du monde, y compris arabes lorsque c'est possible ;

  • Le synchrotron Sesame, construit en Jordanie, par la Jordanie, l'Autorité palestinienne, l'Iran, Israël, ainsi que Bahrein, Chypre, l'Egypte, le Pakistan et la Turquie, sera inauguré le 16 mai 2017.

Certes, ce sont deux gouttes d'eau dans un océan de violences, de haine et d'incompréhension. Mais ils peuvent et doivent servir de modèle de ce qui peut être fait pour que les deux peuples travaillent ensemble et s'enrichissent mutuellement. De ces coopérations peut naître une compréhension mutuelle, et elles servent de preuve que le travail commun est possible et est une source de profit pour chacun.

Pour cela, un cadre juridique nouveau est peut-être à inventer. Il s'agirait de proposer une union, économique et politique, entre les deux entités israélienne et palestinienne, peut-être sur le modèle de l'Europe. Le terme d' « État » ne serait pas approprié, car il supposerait la reconnaissance de l’État palestinien comme un préalable, or c'est précisément l'un des points de blocage actuels. Il faut considérer les deux interlocuteurs comme des entités politiques et juridiques dont le statut n'est pas nécessairement étatique. Dès lors, une alliance entre ces deux entités est envisageable pour faciliter le développement de projets économiques et culturels communs, susceptibles de développer l'espoir d'un avenir meilleur dans les jeunesses des deux peuples, et, donc, une dynamique en faveur de la paix, étape suivante.

La France et l'Allemagne, jadis « ennemis héréditaires », se sont réconciliées non pas en se partageant la Ruhr, ou l'Alsace et la Lorraine, mais en travaillant ensemble dans la CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier), d'abord, puis dans la communauté et l'Union européenne. Substituer un objectif commun de progrès à la confrontation sur un « partage » d'une région n'est pas la panacée, mais c'est probablement une des conditions de la réussite. Vive l'union israélo-palestinienne !



20/01/2017
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