jeanparapluie

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A propos de Leibniz

La philosophie de Leibniz a été moquée par Voltaire dans son conte Candide. Le jeune Candide, sous l'influence de son maître Pangloss, qui représente de manière un peu caricaturale Leibniz, est d'un optimisme non seulement inébranlable, mais aussi aveugle. Même le terrible tremblement de terre de Lisbonne, avec ses milliers de morts, est pour lui un heureux événement. Selon l'enseignement de Pangloss, Dieu, qui est bon et tout-puissant, a créé le meilleur des mondes possibles : on peut rêver de mieux, mais des éléments de ce rêve sont inconciliables, donc impossibles. Dieu a donc réalisé ce qui était le mieux possible sans contradiction.

Leibniz représente un sommet de ce qu'on a appelé le rationalisme. Pour lui, tout le réel est constitué par la raison. Seul Hegel ira encore plus loin dans ce sens. Platon peut être considéré comme le premier à avoir constitué un système métaphysique dans lequel toute la réalité est censée dériver d'idées rationnelles résidant dans le logos ou l'intellect divin. Les Eléates (philosophes de l'école d'Elée, Parménide, etc.) allaient déjà dans ce sens.

Cette philosophie suppose que le réel se conforme à la raison, la raison humaine, bien sûr, puisque nous n'en connaissons pas d'autre. Or l'expérience montre que la raison a toujours dû s'adapter au réel et non l'inverse. Le système géocentrique a dû laisser la place à l'héliocentrisme, l'impetus a cédé face à l'attraction universelle, l'éther et les substances absolues ont cédé la place à l'univers relativiste et aux champs gravitationnels, etc. Ceci pour les domaines relevant des sciences de la nature. Mais la logique formelle a dû, elle aussi, évoluer en se conformant aux caractéristiques du réel. La théorie des ensembles a pris la place du syllogisme, le calcul des propositions celle de la rhétorique, etc.

Les systèmes rationalistes du type de celui de Leibniz reposent sur la double croyance d'une raison éternelle et de la réalité des entités rationnelles. Bertrand Russell a particulièrement relevé ce caractère de la philosophie de Leibniz, analysant le concept de substance dans sa métaphysique.

Une autre caractéristique de la pensée de Leibniz, celle que moque Voltaire, est son axiologie et sa morale. La substance, ce qui existe est rationnel et procède de l'intelligence divine. D'où cette idée que l'être est le bien. « … parmi les infinies combinaisons de possibles et séries possibles, celle qui existe est celle par laquelle la plus grande quantité d'essence ou de possibilité est amenée à l'existence. Il y a toujours dans les choses un principe de détermination qui doit se tirer d'un maximum et d'un minimum, de manière, pour ainsi dire, que le plus grand effet soit fourni par la moindre dépense. » (De l'origine des choses, in Oeuvres de Leibniz, Aubier Montaigne, tome 1, p. 340) Ainsi, le rationalisme leibnizien est-il aussi un économisme. Dieu est bon parce qu'il est économe, cherchant toujours à réaliser le maximum avec le minimum.

Il est curieux de constater qu'un grand nombre d'économistes sont, en revanche, rationalistes, qui fondent des théories optimistes sur des modèles mathématiques entièrement abstraits. Mais ceci est un autre sujet...



18/02/2016
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