jeanparapluie

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Primaire de la gauche

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Choisir pour qui voter après-demain, même après trois débats, n'est pas évident. Je me suis donc mis les sept candidats par ordre alphabétique et je tente de peser le pour et le contre de chacun.

1- Les candidats

Benhamias

Pour : Personnage sympathique, de la tchatche, un raisonnement fin et solide. Il associe bien l'écologie et l'économie. Se veut « réaliste ». Favorable au revenu universel.

Contre : Un peu léger, primesautier. Le bon raisonnement ne suffit pas, il faut aussi savoir trouver les opportunités pour l'appliquer et l'inscrire dans une politique. N'a pas su défendre le revenu universel contre les critiques. Argumentations sur les prisons et sur le machisme pas très claires.

De Rugy

L'écologie réaliste, adaptée aux réalités économiques et politiques. Lucidité sur l'expansionnisme de la Russie de Poutine, et la culpabilité de Bachar el Hassad.

Un peu froid, timide, peut-être ?

Hamon

Veut ancrer la gauche à gauche, contre ce qu'il estime avoir été une dérive de Hollande. Préconise le revenu universel. Propose une vraie intégration des préoccupations écologiques au programme de la gauche. Propose une « Vième république ».

Veut abolir la loi travail au seul motif qu'elle a été adoptée grâce au 49-3, sans en reconnaître les points positifs. N'a pas bien défendu le revenu universel, et en a proposé une « première étape » réduite aux jeunes et aux précaires, ce qui revient à la proposition de Peillon de fusionner certaines aides sociales. La « Vième république » n'est pas bien claire.

Montebourg

Beaucoup d'assurance (un peu trop, même...). Propose une « Vième république ».

Pense qu'il suffit de parler fort (ou de « casser la vaisselle »?) pour que les choses se fassent. Le protectionnisme dont il se réclame, européen à la différence du protectionnisme national de Le Pen, n'est pas réaliste. La « VIème république » n'est pas bien claire.

Peillon

Cherche à rassembler les diverses familles de la gauche. Précis et bienveillant. Met l'accent sur l'économie sociale et solidaire. Propose de doter les jeunes d'un capital leur permettant de « démarrer » dans la vie.

Un air parfois distant. Ne sait pas se faire valoir dans les médias.

Pinel

L'air intelligente, sympathique, ouverte, sincère et sérieuse.

Je ne sais plus très bien ce qu'elle propose !...

Valls

L'expérience du gouvernement, ancien ministre de l'Intérieur et ancien Premier ministre. Sérieux. Déterminé.

Un peu trop « déterminé » ? N'en fait-il pas un peu trop ? Son sérieux et son volontarisme semblent un peu artificiels. Son programme ? Continuer ...

2- Les thèmes

Revenu universel

L'idée est une vieille idée du socialisme : « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». Elle est contraire, en effet, à une certaine idée « républicaine », qui veut que chacun vive des fruits de son travail. Je la trouve juste et profondément humaniste en ce qu'elle assure à chacun une sorte de parachute social.

Le débat a surtout porté sur sa faisabilité par rapport aux ressources du budget de l’État, son coût étant évalué entre 300 et 400 milliards €. Hamon a rabattu ses ambitions à une première étape de 48 milliards, ce qui reste encore très élevé. On n'a pas bien compris les aides actuelles qui seraient supprimées en contrepartie du revenu universel.

Conclusion : il est un peu tôt pour en parler comme d'une mesure à mettre en place rapidement. L'opinion n'est pas prête, les économistes non plus !

VIème République

Les institutions demanderaient sûrement un rajeunissement. Le problème est que chacun a sa petite idée (Mélenchon et Macron aussi …) et que personne n'en fait la synthèse (mais oui …).

Une erreur est de dire que la Vème République est une monarchie républicaine. La preuve, c'est que Hollande n'a pas pu faire grand-chose de ce qu'il avait promis : le droit de vote des étrangers aux municipales n'avait pas la majorité parlementaire requise ; la déchéance de nationalité a été repoussée par le tollé des parlementaires de gauche ; la loi travail n'a pu passer que par le 49-3, les frondeurs ayant déposé plus de 5 000 amendements, etc. La République française reste une démocratie parlementaire, même si le Président y a des pouvoirs plus étendus que sous la IVème.

Pour ma part, je pense qu'il faudrait renforcer le rôle du Conseil Economique, Social et Environnemental, en lui soumettant systématiquement pour avis tous les projets et propositions de loi dans ces domaines, et en lui permettant de présenter des propositions de loi. Aucun candidat ne l'a proposé et plusieurs semblent même vouloir supprimer cette instance.

Loi travail

Une seule personne (Sylvie Pinel ou Vincent Peillon?) a relevé la révolution essentielle de cette loi : centrer les droits des travailleurs non sur l'emploi, mais sur la personne, avec le compte personnel d'activité, créateur des droits à la formation, à la retraite, aux indemnités, etc.

L'inversion de la hiérarchie des normes, entre la loi et la négociation, critiquée par Hamon, Mélenchon et autres frondeurs, n'est pas aussi radicale qu'ils veulent bien le présenter, car les négociations par branche sont favorisées et les négociations au niveau des entreprises sont contrôlées par les fédérations et peuvent faire l'objet de contestations. Le recours systématique à la loi dans les rapports entre salariés et employeurs n'est pas sain. Enfin, la loi donne des droits (de se syndiquer, par exemple) aux travailleurs « indépendants » (type Uber et autres).

Cette loi n'est donc pas si mauvaise et même plutôt bonne, même si elle reste, bien sûr, amendable.

La santé

Tous les candidats semblent vouloir favoriser une médecine sociale de proximité, à travers des maisons de santé et/ou des dispensaires (je ne sais pas trop la différence que chacun fait entre les deux). Ça me paraît une évidence et on peut seulement se demander pourquoi la gauche ne l'a pas fait plus tôt !

La prévention et la santé environnementale n'ont été évoquées que par De Rugy, Benhamias et Peillon, alors qu'elles sont évidemment essentielles.

Économie sociale et solidaire

C'est à mon sens l'avenir pour contrebalancer la sauvagerie du capitalisme. Qu'il s'agisse des mutuelles, des coopératives, des associations, les socialistes et les écologistes devraient en faire leur cheval de bataille et les appuyer de toutes leurs forces. Seul Vincent Peillon l'a évoqué, notamment dans un article paru dans le Monde.

« Rassembler », disent-ils …

Évidemment, tout le monde veut rassembler, rassembler la gauche, rassembler les gauches, rassembler tous les Français ! OK, ça devrait être évident si on veut être président de la République. Benhamias, De Rugy et Pinel, quelles que soient leurs qualités, ne me paraissent pas, dans l'état de leur notoriété et des compétences qui leur sont reconnues, en mesure de rassembler au-delà de leurs sympathisants proches. Valls, se projetant déjà dans la présidentielle, veut rassembler les Français, mais ne se préoccupe pas trop de rassembler, dans un premier temps et pour les primaires de la gauche, la gauche elle-même. Il a plutôt tendance à camper « droit dans ses bottes ». Montebourg continue de déverser sa rancœur sur le « quinquennat raté », et se présente comme le seul recours possible, avec son protectionnisme qu'il compte imposer à l'Allemagne (avec quelle force?), et reste donc très clivant, comme on dit maintenant. Hamon lui aussi cherche à se positionner si nettement à gauche qu'il ne peut que braquer les modérés.

3- Pour qui je voterai dimanche

Il reste donc Vincent Peillon, qui prône inlassablement cette réunion des gauches. Sera-t-il entendu ? J'en doute, tant les médias le boudent et tentent de le faire passer pour une sorte de professeur nimbus qui aurait inventé l'eau tiède. C'est pourtant lui, il me semble qui reste porteur d'une ligne à la fois sincèrement de gauche et réaliste.



20/01/2017
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