Echec de la politique de Hollande ?
Ca y est ! l'heure des bilans - fin d'année oblige - a sonné. La politique de >François Hollande, qui avait promis d'inverser la courbe du chômage a échoué. Tous les journaux et les commentateurs le disent, c'est donc vrai ! Et pourtant ...
Non, je ne vais pas dire que la courbe s'est inversée, c'est vrai qu'il y a en France plus de chômeurs que jamais. Mais est-ce la politique de Hollande qui a échoué ? Non, depuis des années, les entreprises françaises vont d'échec en échec, de faillite en faillite, de fermeture en fermeture. Et pourquoi ? Pour deux raisons principales : 1/ des stratégies commerciales et industrielles erronnées ; 2/ les banques et les circuits financiers privilégient les bulles aux investissements productifs. Les responsables des échecs français sont donc à rechercher d'abord du côté des dirigeants d'entreprises, avant de s'en prendre aux responsables politiques.
De droite comme de gauche, d'ailleurs. En effet, dès 2010, Nicolas Sarkozy, alors président de la République, jugeait "inacceptables" les difficultés rencontrées parles sociétés pour obtenir des financements, et avait exigé, sans résultat, un effort de 96 milliards des banques pour financer les PME et TPE (petites et moyenes, et très petites entreprises). Les actifs des banques ont doublé de 1998 à 2014, mais, dans le même temps, les crédits aux entreprises sont pratiquement restés au même niveau (selon le Conseil d'analyse économique, cité par Le Monde du 02/12/2014). Dans la construction, secteur qui entraîne souvent toute l'économie ("quand le bâtiment va ..."), les banques sont frileuses et exigent des apports personnels et des garanties de plus en plus prohibitives pour octroyer des prêts.
Les fonds d'investissement et autres acteurs boursiers font aussi défaut : en 1998, les entreprises françaises se finançaient pour près de moitié (43%) grâce à la Bourse. Au premier semestre 2012, ce ratio était tombé à... 6,2 %, selon les données du cabinet Dealogic.
Cette absence de crédits fait que les fonds propres des entreprises représentent une part importante de leur bilan, part d'autant plus importante que les actifs immobiliers sont surévalués par les effets de la bulle de l'immobilier d'entreprise. Le résultat est que, pour garantir leurs ressources, les entreprises doivent davantage soigner leurs actionnaires en versant des dividendes attrayants plutôt qu'investir. Philipe Askenazy, Directeur de recherche au CNRS, de l'Ecole d'économie de Paris, écrivait dans Challenges, le 31/01/2013 : "Ainsi, la facture supplémentaire atteint environ 40 milliards, soit un tiers des cotisations sociales patronales et plus du double du Cice ! Bref, il est urgent que la bulle de l'immobilier d'entreprise éclate pour réduire le versement de dividendes" et permette la reprise de l'investissement.
On comprend la phrase de François Hollande, déclarant que son véritable adversaire, c'est la finance. La finance est l'adversaire des entreprises, l'adversaire de l'investissement, 'adversaire de l'emploi.
L'autre adversaire, c'est ... l'incompétence de nombreux dirigeants d'entreprise. En voici quelques exemples :
PSA
Son positionnement dans le créneau des voitures "moyennes", en sandwich entre les marques premium et celles d'entrée de gamme, brouille son image commerciale. Echec en Chine : PSA s'est cassé les dents sur ce marché en proposant ses fins de série, quand Volkswagen, par exemple, adaptait ses produits au goût local. Dans les voitures électriques, PSA a mal évalué le marché et se retrouve beaucoup de stocks et peu de clients, etc.
Doux
Le producteur de volailles breton a misé sur le rachat d'entreprises étrangères, notamment brésiliennes, pour grandir, bref, a eu un trop gros appétit d'acquisitions, mettant en péril la solidité financière de son groupe, qui a conduit à la faillite et à la fermeture des usines.
Alcatel
L'équipementier de télécommunications a supprimé plus de 1 400 emplois en France. La faute d'avoir su conserver ses clients sur le continent européen. Bouygues Telecom, par exemple, a choisi Ericsson et SFR a signé avec Huawei et Nokia-Siemens.
Archos
Trois erreurs majeures : s'être positionné dans le low-cost, s'être dispersé dans de trop nombreux produits, ne pas avoir intégré le service dans son offre.
Le lit national
Une entreprise familiale qui ne s'est pas assez renouvelée, une chef d'entreprise qui reste seule face à une montagne de problèmes, un dépôt de bilan tardif : le Lit national réunit tous les ingrédients classiques des défaillances de PME.
ID Logistics et Mory-Ducros
Le premier réussit, grâce à une organisation et une stratégie commerciale gagnantes, le second licencie du fait d'une stratégie désuète et routinière.
Etc. La liste pourrait s'allonger, qui montre que ce ne sont pas seulement nos dirigeants politiques qui seraient incompétents.
A découvrir aussi
- Liberté, égalité, fraternité
- Le gouvernement facilite l'accès à l'IVG
- L'intégration sociale par le sport, ça marche !
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 11 autres membres